Vers le milieu des années 1930, on commence à se sentir à l’étroit sur le terrain de la salle paroissiale de Baie-Egmont. L’Exposition attire d’assez grandes foules et le nombre de produits exposés a tendance à augmenter. On envisage alors la possibilité d’acheter un terrain situé de l’autre côté de la route, vis-à-vis la salle paroissiale, mais d’après plusieurs directeurs, ce terrain n’est pas suffisamment grand. L’autre option est d’acheter un terrain de quatre acres à Abram-Village, un lieu qui serait plus central, surtout pour les gens de Mont-Carmel. L’idée ne sourit pas à tous, car en déménageant l’on perdrait l’avantage d’avoir accès à un terrain et à de belles salles à peu de frais. Le déménagement représentait donc de nouvelles responsabilités et des dépenses accrues pour l’Association.

Dès l’assemblée annuelle du 10 janvier 1938, un comité est nommé pour étudier la question. Vu les faibles moyens financiers de l’Association, il est clair que l’achat d’un nouveau terrain à Baie-Egmont ou à Abram-Village ne peut se faire sans une aide importante du gouvernement. Après de longues discussions entre les directeurs de l’Exposition et avec les responsables gouvernementaux, le gouvernement fait une offre à l’Association de l’Exposition. Il achèterait le terrain de quatre acres à Abram-Village et lui donnerait gratuitement l’ancien palais de justice situé à Abram-Village pour qu’il soit déménagé sur le terrain et entretenu aux frais de l’Exposition.

La proposition du gouvernement est chaudement débattue lors d’une assemblée extraordinaire de l’association tenue le 18 juillet 1938.

Malgré le vote fort majoritaire en faveur de la proposition du gouvernement, plusieurs directeurs poursuivent leur campagne contre le déménagement à Abram-Village. Lors d’une réunion des directeurs, on accepte de ramener la question au vote lors de la prochaine assemblée annuelle que l’on devance de quelques mois. Celle-ci a lieu le 25 octobre 1938.

L’affaire est encore une fois vivement délibérée et, lors d’un scrutin, 20 membres votent en faveur et 10 contre  » qu’on aille de l’avant avec l’ouvrage « .

Les directeurs et autres membres de l’Association se mettent aussitôt à l’oeuvre pour préparer le nouveau terrain à Abram-Village. On y déménage l’ancien palais de justice qui se trouve à peu de distance, soit à côté de la fromagerie, laquelle était située là où se trouve aujourd’hui l’immeuble à appartements. On construit aussi une salle relativement spacieuse pour y exposer les travaux d’artisanat, les produits de la cuisine et les fleurs.

Ce qui impressionne le plus, cependant, c’est la quantité et la qualité des chevaux exposés. La même année, grâce à l’initiative du secrétaire-trésorier, Charles M. Arsenault, on introduit au programme de la journée une grande nouveauté : un concours de tirage pour chevaux. Aussitôt implanté, il reçoit la faveur du public et devient l’une, sinon la principale attraction de l’Exposition. Avec le déclin du nombre de fermiers, et surtout à la suite de l’abandon du cheval à la faveur des tracteurs, des camions et des automobiles, on discontinue le concours en 1961, car les chevaux se font de plus en plus rares dans l’Exposition. Mais l’amour du cheval ne se perd pas pour autant et bientôt on voit de nombreux insulaires se livrer à l’élevage par simple passion. Grâce à ce renouveau d’intérêt, le cheval retrouve sa place d’honneur dans l’Exposition au cours des années 1970 et en 1983 on peut remettre le populaire concours de tirage au programme.

Un autre concours introduit au programme en 1944 par Charles M. Arsenault, est celui à traire les vaches. Il s’agit d’un concours où on récompense avec des prix en argent ceux qui réussissent à traire la plus grande quantité de lait la minute, de la vache de son choix. Les concurrents sont divisés en deux classes : la première est réservée aux gens de plus de 16 ans, alors que les jeunes de 10 à 16 ans peuvent faire valoir leur habileté dans la seconde classe. Ce concours s’est déroulé annuellement jusqu’en 1980.

En déménageant sur un terrain plus spacieux, il est alors possible de tenir de nouvelles activités comme des concours, mais aussi on l’occasion d’augmenter le nombre de classes pour les compétitions. Le nombre augmente effectivement de 223 en 1938 à 244 en 1940.

Mais le nouveau terrain et les bâtisses qu’il faut entretenir représentent des dépenses accrues. Il faut alors augmenter les revenus en obtenant une subvention gourvernementale plus généreuse ou tenter augmenter les revenus le jour même prêts à considérer l’option d’avoir des jeux de chance sur le terrain, ce à quoi ils avaient résisté au cours des années. Lors d’une réunion, le 4 septembre 1941, ils votent une proposition pour demander au gouvernement d’augmenter son octroi de 50 $. La proposition prévoit aussi qu’advenant une réponse négative, les jeux seront acceptés. Quelques semaines plus tard, le secrétaire annonce aux directeurs qu’il est sans réponse du ministre de l’Agriculture. On adopte alors unanimement une proposition pour accepter les jeux et on nomme aussitôt un comité pour s’en occuper. Les jeux font donc leur entrée dans le programme d’activités de l’Exposition dès 1941 et, cette première année, ils contribuent aux revenus du jour la somme de 13,99 $.

Les directeurs se rendent vite compte que les recettes des jeux de chance ne suffisent pas et qu’il faut trouver d’autres moyens pour augmenter les revenus, comme attirer une plus grande foule à l’exposition. Les uns suggèrent d’avoir chaque année au moins une nouveauté, comme un concours, d’autres soutiennent qu’il faut augmenter la publicité, alors que certains directeurs estiment que la foire a lieu trop tard. Lord d’une assemblée en 1947, Pierre Gallant souligne qu’il faut mieux divertir les gens.  » L’affaire est trop tranquille, dit-il, il faut avoir du divertissement. «